Roche Bobois : rentabilité en hausse et bonnes perspectives
Malgré la crise de la Covid-19, et ses répercutions à l’échelle mondiale, la marque phare du « French Art de Vivre » a réalisé un exercice 2020 presque égal en CA et supérieur en rentabilité, grâce à un modèle agile qui lui a permis de moduler ses coûts d’exploitation. Conséquence, le groupe poursuit ses ouvertures de magasins, et sa stratégie de rachat de franchises dans les zones géographiques stratégiques.
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Malgré les nombreux aléas liés à la crise de la Covid-19, dans le monde entier, 2020 a été un exercice de croissance sur la plupart des indicateurs financiers, pour le groupe Roche Bobois. C’est ce qu’a expliqué Guillaume Demulier, le Président du Directoire, dans sa présentation des résultats du groupe, en ligne, le 25 mars dernier. Rappelons que, pour Roche Bobois, l’exercice 2019 avait été un record sur tous les plans, en termes de volume d’affaires, de chiffre d’affaires livré, de rentabilité, d’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement), de ROC (résultat opérationnel courant), et de résultat net. Dans la foulée, 2020 avait démarré sur les chapeaux de roues avec une augmentation de 18 % des prises de commandes avant le confinement. A partir de mars et jusqu’en mai, une grande partie des magasins ont été fermés d’abord en Italie, puis en France, puis dans le reste de l’Europe, et enfin dans le reste du monde, notamment aux États-Unis. Une nouvelle vague de fermetures a suivi le deuxième confinement, en France, de novembre dernier. Les livraisons ont été perturbées en avril, en raison de la fermeture des usines en Italie, où sont produits 75 % environ des meubles de la marque.
Une adaptation grâce à un modèle agile
Mais, grâce à un modèle agile, le groupe Roche Bobois a pu adapter rapidement ses moyens et son marketing, tout en faisant appel au numérique pour finaliser, voire réaliser des ventes complètes par visioconférence. Ensuite, le très fort rebond du marché lui a permis de rattraper le retard du premier confinement en quelques mois, en multipliant par 2 ou par 3 ses ventes en juin, juillet et août, tandis que le second confinement de novembre a été rattrapé pendant le seul mois de décembre. Au bout du compte, les activités ne souffraient d’aucun retard de fabrication à la fin 2020. « C’est notre business modèle, qui se caractérise par très peu de charges fixes, qui nous a permis cette adaptation en modulant nos coûts, commente Guillaume Demulier. En effet, nos vendeurs sont payés à la commission, les designers sont rétribués en fonction des ventes, tandis que notre logistique et notre marketing varient en fonction du volume d’activité. » Le groupe Roche Bobois est une ETI au capital en majorité familial, puisque les deux familles fondatrices Roche et Chouchan en détiennent aujourd’hui 53 %. Il gère les deux marques Roche Bobois, positionnée haut de gamme en France et luxe à l’export, qui représente 87 % du chiffre d’affaires dans le monde, et d’autre part Cuir Center, une marque de canapés cuir et tissu milieu de gamme, présente uniquement en France, qui représente 13 % du chiffre d’affaires du groupe. Roche Bobois est éditeur, distributeur et franchiseur. Il ne possède pas d’usine, mais fait fabriquer par des partenaires situés à 100 % en Europe pour les produits Roche Bobois.
Chiffre d’affaire en léger recul et rentabilité en hausse
Grâce en bonne partie à ce modèle économique, le groupe Roche Bobois réalise sur 2020 un CA annuel consolidé de 266 M€, en léger recul de – 3,2 % par rapport à l’année record 2019 (274,7 M€). Cette bonne résistance est particulièrement visible en France et en Europe (hors Royaume-Uni), où il progresse respectivement de + 0,8 % et + 3,3 %. La marge brute sur vente de marchandises se maintien à un niveau élevé, à 59 % contre 59,2 % en 2019, grâce à une adaptation des charges externes, à une réduction négociée des charges locatives à hauteur de 1,7 M€, et à une réduction des coûts de transport, d’événementiel, et de publicité locale à hauteur de 3,8 M€. Il en résulte un EBITDA en forte progression de +9,4 % (50,2 M€ contre 45,9 M€), grâce notamment aux bonnes performances de magasins en propre en France, Suisse, Pays-Bas et Italie, et à leur forte capacité à livrer en fin d’exercice 2020. Autres indicateurs positifs, le taux de marge d’EBTDA courant du groupe progresse de 2 points à 18,9 % – contre 16,7 % au 31 décembre 2019 – et le résultat opérationnel courant est en croissance de 4,5 % à 17,5 M€ contre 16,7 M€ au 31 décembre 2019. Cet exercice est aussi marqué par une forte génération de trésorerie, puisque le groupe dispose d’une trésorerie disponible de 73,3 M€, incluant un Prêt Garanti par l’État (PGE) d’un montant de 25 M€, qui sera remboursé avant l’échéance d’un an grâce à sa bonne santé financière. Au 31 décembre 2020, la société est en position de trésorerie nette de 25 M€.
Une stratégie d’expansion maintenue
L’exercice 2020 se solde aussi par de nouvelles ouvertures de magasins, puisque le groupe a maintenu le programme initialement prévu. Le réseau – composé de 357 magasins, dont 258 Roche Bobois dans 55 pays et 79 Cuir center en France – s’est agrandi de 10 ouvertures tantôt en propre – à Lisbonne (Portugal), Sion (Suisse), Cologne (Allemagne) et Minneapolis (USA) – et tantôt en franchise à Augsbourg (Allemagne), Budapest (Hongrie) et Ankara (Turquie). Autre opération importante, le groupe a procédé au rachat de trois points de vente franchisés sur la côte ouest des États-Unis, à Seattle, Portland et San-Francisco, qui représentent 1 900 m² au total, et près de 10 M$ de chiffre d’affaires. « Nous avons aussi signé une option unilatérale de rachat pour trois autres magasins aux USA, à Atlanta, Houston et Dallas, qui ont réalisé un chiffre d’affaires de 7,1 M$ en 2020, ajoute Guillaume Demulier. Cette opération apporterait au groupe un ensemble de 40 magasins dans la zone USA – Canada dont 31 en propre. » Sur l’ensemble du groupe, les magasins en propre ne représentent qu’un tiers du total en nombre, mais ils sont situés dans les zones de chalandise les plus stratégiques, ce qui explique qu’ils génèrent 57 % du chiffre d’affaires global, contre 43 % au magasins franchisés, qui sont pourtant les deux tiers en nombre. En rachetant les magasins franchisés, la stratégie de Roche Bobois est donc d’y appliquer ses méthodes de vente et de marketing, ce qui se traduit par une hausse de leur chiffre d’affaires. Pendant l’exercice 2020, le CA des magasins en propre a d’ailleurs progressé de 1,7 %, à 258,3 M€, tandis que les points de vente en franchise ont légèrement régressé de 1,2 %.
En conclusion de ce bilan d’étape financier, le Président du Directoire a indiqué que le début de l’année 2021 a démarré sur des standards très élevés, avec un portefeuille de commandes qui atteint 103,5 M€ restant à livrer au 31 décembre 2020, contre 79,7 M€ un an auparavant, ce qui représente un bond d’environ 30 %. De bon augure pour l’exercice 2021.