[Didier Baumgarten et Patrick Prigent] « Positivons : les marchés de l’ameublement et de l’électrodomestique sont tous les deux très porteurs »
[Didier Baumgarten et Patrick Prigent]
« Positivons : les marchés de l’ameublement et de l’électrodomestique sont tous les deux très porteurs »
Si les marchés de l’ameublement et de l’électrodomestique sont actuellement très porteurs, de nombreux enjeux s’ouvrent à leurs distributeurs, qu’ils aient été véhiculés par la crise actuelle, ou dessinés, au sein de ces professions, depuis plus longtemps. Les deux Fédérations de ces métiers – la FNAEM, pour l’équipement de la maison, et la FENACEREM, pour l’électrodomestique et le multimédia – ont donné naissance à la CNEF, en 2020 [voir encadré], afin de renforcer la représentativité de cette branche, et de justement aider les points de vente – qu’ils appartiennent à des réseaux ou qu’ils soient indépendants – à faire face, au mieux, à ces enjeux, et à faire entendre leur voix auprès des pouvoirs publics. Détails avec Didier Baumgarten et Patrick Prigent, présidents respectifs de la CNEF et de la FNAEM. Entretien publié dans notre annuel Marché du Meuble 2021, paru fin juin 2021, en supplément du Courrier du Meuble et de l’Habitat.
Quels sont les objectifs de la CNEF ?Didier Baumgarten : Il y en a trois principaux :
En premier lieu, il s’agit d’anticiper le regroupement des professions dicté par le gouvernement sous le vocable de « regroupement des branches », en imposant comme interlocutrice des pouvoirs publics une branche de l’équipement du foyer, seule à même de préserver les spécificités de nos métiers à côté des autres secteurs de la distribution (alimentaire, équipement de la personne etc.) Sur ce point la CNEF rassemble actuellement sous deux conventions collectives plus de 120 000 salariés. Le rapport Ramain sur la prochaine étape du « rapprochement des branches » remis en 2020 est encourageant, car il propose de nous reconnaître comme une des huit futures branches du commerce (contre une grosse vingtaine à l’heure actuelle) : à nous de démontrer par notre discipline collective et par notre travail que nous méritons cette reconnaissance.
La Confédération doit également permettre à l’ensemble des professionnels de l’équipement du foyer – dont les cuisinistes – de mieux faire entendre leur voix et de « peser » collectivement plus fort face aux pouvoirs publics et autres interlocuteurs. Sur ce point également, nous avons accompli quelques premiers pas, en obtenant notamment un siège au Conseil d’Administration de l’Opcommerce, mais aussi en étant plus régulièrement consultés par le gouvernement, notamment, depuis un an, pour tous les sujets relatifs à la gestion de la crise COVID (dont nous rendons fidèlement compte à tous nos adhérents).
Enfin, l’idée est d’optimiser l’organisation collective des professionnels en évitant les actions doublonnées entre organisations professionnelles, sources de dépenses inutiles et parfois de confusion pour nos interlocuteurs publics comme pour les professionnels du terrain. A ce titre, FNAEM et FENACEREM proposent à tous les professionnels adhérents, dont les cuisinistes, des prestations précises dont le détail est consultable en ligne sur www.lacnef.fr*.
On rappellera plus particulièrement, pour les magasins, les SVP en droit social, droit commercial, droit de la consommation, la médiation à la consommation, la réception de nos emails d’information et l’accès à l’espace adhérent de notre site. Les dirigeants des enseignes nationales adhérentes sont également et étroitement associés à nos principaux dossiers. Ils sont très régulièrement informés de leurs avancées. Notre Conseil d’administration nous a fixé une ligne de conduite claire : nous concentrer sur les sujets qui touchent au portefeuille des dirigeants des magasins et sur la formation.
Concrètement, qu’apporterait la reconnaissance de la distribution spécialisée ameublement / électroménager comme l’un des huit principales branches du commerce ?D. B. : La distribution spécialisée d’ameublement / électroménager emploie 120 000 salariés aux spécificités métiers bien marquées par rapport aux autres branches du commerce (GSA / équipement de la personne / etc.) Les fonctions de conseils, de montage, de réparation y sont par exemple cruciales. La reconnaissance de ces spécificités métiers par les pouvoirs publics est essentielle si nous souhaitons que nos entreprises puissent trouver et former une main d’œuvre adaptée.
Ces derniers mois ont été très denses : pouvez-vous revenir sur les nombreuses actions et prestations d’aide aux adhérents que vous avez proposées, dans ce contexte tourmenté ? Patrick Prigent : L’appui de la Fédération à ses enseignes et magasins lors du troisième confinement a été similaire à celui déployé lors des deux premiers, en 2020. D’une part, nous avons informé nos adhérents en continu sur les multiples dispositifs de soutien, et répondu à leurs questions. D’autre part, nous avons mené des échanges constants avec les pouvoirs publics, pour essayer d’obtenir des dispositions adaptées à nos professions.
Un mois après la réouverture [date de cette interview], quelles sont les problématiques subsistant suite à cette crise ?P. P. : Les problématiques d’approvisionnement et d’augmentation des coûts des matières premières prédominent actuellement. S’y ajoutent toujours l’inadaptation du fond de solidarité aux spécificités de nos métiers pour les magasins fonctionnant à la contremarque. Mais positivons : les marchés de l’ameublement et de l’électrodomestique sont tous les deux très porteurs. Nos professions ne connaissent pas, a contrario de bien d’autres, d’angoisses existentielles ! A date, l’activité de la quasi-totalité des magasins est bonne, voire très bonne. Elle permet une reconstitution des fonds propres qui sera précieuse en cas de nouvelle crise, mais aussi pour les investissements importants à consentir dans le but d’adapter nos réseaux aux nouvelles exigences des consommateurs.
A plus long terme, quelles « leçons » a permis de tirer cet épisode mouvementé pour la distribution de meubles ? Quels sont les enjeux d’avenir qui se dessinent pour les acteurs des différents circuits ? Cette crise sans précédent a permis une accélération significative de la digitalisation de nos métiers, jusqu’alors engagée à des rythmes plus lents : la nécessité de continuer à vendre avec des magasins ou des rayons fermés a dicté l’accélération des investissements dans ce domaine. Par « ricochet », la formation des vendeurs prend d’autant plus d’importance, leur valeur ajoutée en magasin étant encore plus déterminante qu’auparavant, notamment en termes de conseil.
- La Confédération > FNAEM & FENACEREM > prestations téléchargeables dans leur intégralité