[Compte-rendu Workspace Expo] Mobilier de bureau : l’innovation indissociable du développement durable
Le salon de l’aménagement des espaces tertiaires Workspace Expo a fermé ses portes le 6 avril à Paris Porte de Versailles, avec un bon succès de fréquentation. Signe des temps, les nouveaux produits se caractérisent désormais autant par leur dimension créative que développement durable.
L’édition 2023 de Workspace Expo, le salon de l’aménagement des espaces tertiaires, s’est déroulée dans une ambiance dynamique. Même s’il faut attendre le bilan chiffré de l’organisateur, tout visiteur qui s’est rendu à la Porte de Versailles a pu constater que les allées ont été bien remplies, et que le salon a réuni un grand nombre de leaders européens du mobilier de bureau, ce qui conforte son statut de rendez-vous important du secteur. Ces grandes marques sont souvent venues pour lancer des nouveautés, ce qui donne à Workspace Expo la dimension de l’innovation. Parmi celles-ci, on peut mettre en avant l’italien Pedrali, exposant pour la première fois, qui a mis l’accent sur la création, avec par exemple la table Toa (design Robin Rizzini), modulable à volonté en longueur et en largeur, qui allie un style technico-industriel à une allure décorative, grâce à ses pieds-ponts effilés en aluminium moulé sous pression, qui sont plus minces à la base et s’élargissent vers l’élément en « T » qui soutient le plateau. Autre exemple représentatif, le fabricant innovant de mobilier de bureau espagnol Actiu était exposant pour la deuxième fois, avec la volonté de renforcer la notoriété de sa marque sur le marché français. A cette occasion il a lancé le siège de travail A+S Work qui utilise un système d’inclinaison synchronisé breveté, et offre une régulation sensible de la tension qui permet de préserver la posture de l’utilisateur, tout en étant décliné en de multiples configurations possibles. La marque espagnole a également dévoilé la chaise Bee (design Vicent Berbegal), aux lignes inspirées de la nature, et plus précisément des abeilles, dont elle exprime la capacité à créer des formes sinueuses pour adapter leur habitat à leur morphologie.
Associer créativité et matériaux plus vertueux
Mais c’est bien le développement durable qui a joué le premier rôle sur le salon. Distributeur phare du mobilier de bureau de grande marque, Silvera a réussi à l’associer à l’innovation. Dans son choix de produits exposés, il a en effet mis en avant l’un des concepts les plus innovants du salon, le programme Arcadia, signé Spacestor, inspiré des formes archétypales de l’architecture. À partir de seulement 5 éléments géométriques de base, inter-compatibles entre eux, il permet de créer un grand nombre d’aménagements paysagers sur les plateaux tertiaires : portails, colonages, forums, même des rotondes et des cloîtres peuvent être réalisés, en les assemblant grâce à un système breveté, qui permet tout aussi bien de les démonter et de les reconfigurer à l’infini. Pour la dimension développement durable, Silvera a misé sur le bois, avec notamment le fauteuil Kata de Arper (design Altherr Désile Park), disponible en chêne ou en robinier, dont la structure est inspirée des chaises artisanales en bois et en paille tressée, et avec le bureau Hat de Arco (design Jorre van Ast), un rare modèle de bureau assis-debout en bois, dont les pieds circulaires dissimulent à la fois un moteur et un mécanisme nécessaires au mouvement vertical du plateau.
Un développement durable qui s’exprime aussi de plus en plus par le remplacement de matériaux conventionnels par des matériaux alternatifs moins émissifs pour l’environnement. C’est ce que montre l’une des références du secteur, le suisse Vitra, a choisi pour produit phare du salon Joyn 2, la nouvelle génération du concept visionnaire de bureau signé par Ronan et Erwan Bouroullec en 2002, puisqu’il a ouvert la voie au bureau configurable à volonté pour la forme « bench » (banc) pour favoriser les rapprochements collaboratifs spontanés. Signe des temps, cette nouvelle génération au design inchangé se caractérise par l’usage de matériaux durables : plateaux de table en bois massif, écrans acoustiques en liège et sous-mains réalisés avec des chutes de cuir recyclé provenant de la production de meubles de Vitra, les pièces en plastique étant fabriquées à partir de matériaux recyclés dans la mesure du possible.
De la réparabilité à l’économie circulaire
Le développement durable prend aussi d’autres formes, comme la conception d’un produit en pièces détachées qui, en plus d’une livraison à plat plus économe en énergie, offre aussi la possibilité de le démonter facilement pour pouvoir remplacer une pièce manquante, et augmenter ainsi sa durée de vie. C’est ce que propose par exemple le fabricant italien Bene, avec la nouvelle collection outdoor Casual à structure en métal. Situé parmi les leaders du secteur, le groupe Haworth, a franchi un pas supplémentaire en signant un partenariat avec Label Emmaüs, afin d’offrir une deuxième vie aux mobiliers de bureau, mais aussi une seconde chance aux personnes en insertion professionnelle. C’est ainsi que, depuis 2021, les sièges Zody – un modèle phare de la marque – sont reconditionnés dans l’entrepôt de ce partenaire de l’économie sociale et solidaire, et repartent pour une seconde vie, une opération qui représente 80 % de CO2 en moins par rapport à la fabrication d’un siège neuf, 50 sièges reconditionnés générant une économie d’une tonne de CO2. Le développement de l’économie circulaire dans le mobilier de bureau se traduit aussi par la présence, parmi les exposants, de nouveaux acteurs comme Bluedigo, le pionner du mobilier de bureau de seconde main, qui annonce un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros en 2022 – le double de celui de 2021 – et la réalisation pendant l’année passée de 500 projets d’aménagement associant du mobilier de bureau reconditionné et du mobilier neuf éco-conçu, issu de ses 30 partenaires engagés, ce qui a permis d’éviter l’émission de 1 200 tonnes eq.CO2 par rapport à des projets tout en neuf. Fondé en 2019, Bluedigo n’est plus seul sur ce marché émergeant, puisque le salon a aussi accueilli Scop3, une entreprise qui propose aux professionnels d’aménager leurs espaces de travails avec du mobilier de seconde main issu de l’économie circulaire, et les aide à vendre ou donner les équipements dont ils n’ont plus l’utilité à des entreprises et associations de leur région. Depuis son lancement en 2021, cette start-up a permis le réemploi de plus de 11 000 équipements soit 586 tonnes d’émissions de CO2 évitées. Un marché de la seconde main, boosté par la loi AGEC, qu’il sera de plus en plus difficile d’ignorer.
[F. S.]
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UPCYCLING
Programme L’art & la matière : les lauréats dévoilés
Créé par Valdelia et la Ressourcerie Créative Atelier D’éco-Solidaire, le programme L’Art & la matière offre un accompagnement personnalisé de 12 mois aux structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), pour développer une offre de mobilier en upcycling. Les organisateurs ont dévoilé sur Workspace expo les quatre lauréats de cette première édition, qui sont :
> A la courte échelle (Bourecq, Pas-de-Calais)
> Le Tournevis (Louvigné-du-désert, Ille-et-Vilaine)
> Vallauris Ressourcerie (Auch, Gers)
> Viltaïs – L’Aménagerie & Co (Moulins, Allier)