[Réemploi, upcycling : les lignes bougent] Mobilier de bureau : le réemploi boosté par la loi AGEC
Selon une estimation du fournisseur de mobilier bureau de réemploi Bluedigo, le mobilier de bureau d’occasion représenterait aujourd’hui entre 10 et 20 % du marché. Un pourcentage qui est amené à augmenter, en raison des nouvelles exigences de la loi AGEC qui s’imposent aux acheteurs publics, et devraient s’étendre à l’ensemble des donneurs d’ordre. L’entreprise indique comment bien intégrer les produits de réemploi dans leurs cahiers des charges.
Le réemploi gagne du terrain également sur le marché du mobilier de bureau, comme le montre l’exemple de Bluedigo, une société créée en 2019, dont l’activité consiste à racheter du mobilier de grandes marques aux entreprises qui déménagent ou réaménagent leurs bureaux, pour le reconditionner et le proposer à d’autres entreprises. « Le mobilier de bureau de réemploi va connaître un développement important, sous l’effet de la loi contre le gaspillage et en faveur de l’économie circulaire AGEC de février 2020 », explique son créateur Maxime Baffert, lors d’un webinaire organisé sur ce thème le 17 février dernier. En effet, l’article 58 de cette loi oblige désormais les acheteurs de l’Etat, des collectivités locales et leurs groupements à acheter des biens issus du réemploi, ou de la réutilisation, ou comportant des matières recyclées, à hauteur de 20 % minimum de leurs achats, avec un objectif majeur : faire de la commande publique un levier pour le développement de l’économie circulaire. Dans le décret n°2021-254 du 9 mars 2021, les pouvoirs publics précisent quelles sont les familles de produits concernées en matière de mobilier de bureau, qui comprennent les sièges et chaises, et tout ce qui appartient à la famille des tables, armoires, bureaux et bibliothèques. Pour satisfaire aux nouvelles obligations, les acheteurs doivent aussi faire une déclaration annuelle qui rend compte de leurs achats « verts » auprès de l’Observatoire économique de la commande publique.
Mobilier d’occasion : lutter contre les idées reçues
Comme le souligne le créateur de Bluedigo, l’achat de mobilier de bureau d’occasion permet de rallonger la durée de vie des produits, et ainsi d’éviter la fabrication de mobilier neuf, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre qui y sont associés, pour extraire les matières premières, les transformer, fabriquer, transporter… ce qui permet de lutter contre le changement climatique. Selon une étude réalisée par l’entreprise, basée sur l’analyse du cycle de vie (ACV), réutiliser une chaise permet d’économiser 67 kg de CO2, et réutiliser un bureau permet d’en économiser 61 kg. Mais les réticences existent encore à se tourner vers ce type d’achat : « Les aménageurs pensent que le mobilier d’occasion est toujours dépareillé, ou en mauvais état, ou vétuste, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui, argumente Maxime Baffert. Non seulement nous rachetons du mobilier de grande qualité et de grandes marques – Steelcase, Hermann Miller, Vitra, etc… – mais tous nos produits sont nettoyés et contrôlés avant d’être proposés à la vente. D’autre part, les volumes récupérés sont tels, qu’on peut aujourd’hui facilement équiper un plateau de 100 postes de travail ». Une entreprise comme Bluedigo traite aujourd’hui une à deux opérations par semaine, et stocke les mobiliers récupérés sur une plateforme située dans le nord de la France*. Le mobilier de réemploi présente aussi d’autres avantages, comme celui d’un prix d’environ 50 % du neuf, et d’être disponible dans des délais beaucoup plus courts puisqu’il est déjà en stock, à savoir 2 à 3 semaines, contre 8 semaines en moyenne pour la livraison de mobilier neuf.
Une nouvelle façon d’acheter
Pour éviter toute déconvenue, le fondateur de Bluedigo invite cependant les acheteurs à observer quelques règles liées à l’achat de mobilier d’occasion, qui n’est pas l’équivalent du mobilier neuf. En premier lieu, tous les produits ne sont pas toujours disponibles de la même manière : si les bureaux, benchs et caissons, tables et chaises de réunion, armoires sont disponibles en grande quantités, ce n’est pas toujours le cas pour les sièges de bureau ergonomiques – que les employeurs ont tendance à fournir pour équiper leurs salariés en télétravail – et pour les mobiliers des espaces de détente. D’autre part, la profondeur du catalogue n’est pas la même. Il vaut donc mieux éviter d’être trop précis sur le matériel souhaité, et s’en tenir à fixer un prix pour un type d’objet, avec une dimension et une couleur, tout en restant ouvert à des variantes… Contrairement au neuf, il est plus compliqué d’obtenir des échantillons ou des documentations et fiches techniques souvent manquantes, une demande qui peut être remplacée par une visite sur les lieux de stockage pour constater soi-même l’état des produits. « Par expérience, nous avons constaté que la formule gagnante est souvent de mélanger du mobilier neuf avec du mobilier d’occasion, en s’adressant d’abord à son fournisseur de mobilier d’occasion, et en complétant ensuite, pour ce qu’il n’a pas, avec du neuf », conclut Maxime Baffert. De même qu’un fournisseur de mobilier neuf, une entreprise comme Bluedigo propose à ses clients une garantie de type « satisfait ou remplacé », et s’engage à réparer tout produit défectueux pendant la durée de la garantie.
*Bluedigo a déjà accompagné plus de 1 200 entreprises (start-up, grands groupes, institutions publiques, espaces de coworking), ce qui a permis d’économiser 384 tonnes de déchets et 769 tonnes équivalent CO2.
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[Zoom]
Appel à candidatures pour la deuxième édition du programme Rêvolutions
Suite au succès au succès de la première édition, l’éco-organisme Valdelia et Ateliers Extramuros lancent la seconde édition du programme Rêvolutions, qui s’adresse aux structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), et leur propose un accompagnement personnalisé pour le développement d’une offre en mobilier upcyclé. Courant 2022, six de ces structures seront accompagnées pendant trois semaines en immersion dans les locaux d’Ateliers Extramuros à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), dans le but de les faire monter en compétences, sur les aspects techniques d’ébénisterie, design et marketing, afin qu’elles puissent mettre au point et commercialiser des collections issues du recyclage de déchets d’ameublement professionnels. Les structures intéressées doivent disposer d’un atelier bois, être déjà engagées dans une activité existante de réemploi, ou réutilisation de mobilier, idéalement de mobilier professionnel, et avoir un projet de commercialisation autour de l’upcycling.