« Notre » Bernard
Nous saluons ici la mémoire, au nom du Courrier du Meuble et de nombreux acteurs de la profession, de Bernard Deheegher, disparu le 13 octobre dernier. La tâche est de très grande ampleur, tant il avait d’amis dans le secteur et bien au-delà, ce qui a rendu difficile le choix des témoignages. Nous savons, cependant, que les personnes que nous avons sollicitées se font les « porte-parole » de beaucoup d’autres, qu’elles aient croisé Bernard à un moment de leur vie, ou bien entretenu, avec lui, de profondes relations professionnelles… et, forcément, d’amitié.
Nos chaleureux remerciements à Paul Rom et Isabelle Hernio pour nous avoir partagé leurs clichés et, plus largement, à tous ceux qui nous ont livré leurs touchants hommages à Bernard.
La belle église Saint-Bavon de Watou, posée sur la place de cet attachant village niché dans la campagne belge, à quelques kilomètres de la frontière française, était comble, ce samedi 23 octobre, comme je le pressentais. Puisque tu n’es jamais parvenu, cher Bernard – ou bien que très rarement – à cantonner les innombrables relations professionnelles que tu as eues dans ta vie à ce strict cadre, et bien le résultat était là : nous étions incroyablement nombreux, en cette journée douce et ensoleillée, à nous retrouver autour de toi pour te dire « au revoir », parce que nous étions tous tes amis. Car oui, nous finissions tous – nous qui t’avions rencontré à un moment de nos vies, à un moment de la tienne – par devenir tes amis. C’était ainsi. Il ne pouvait en être autrement.
Me concernant, nous nous étions vus, pour la première fois, en septembre 2011, à Shanghai. Je n’étais pas encore la rédactrice en chef du Courrier, mais celui qui assumait brillamment ce poste à l’époque – Christian, dont nous pouvons apprécier les mots forts dans cet hommage – ne m’avait pas menti : immédiatement, je t’ai aimé, tout simplement. De fil en aiguille, notamment en poursuivant le partenariat que nous avons encore aujourd’hui avec le Belgofurn – ce qui m’a fait rencontrer des membres non moins attachants, à ton image, et je te remercie également pour cela – notre relation d’amitié s’est enrichie, toujours plus. Les bons dîners notamment, parfois en présence de ta chère famille – Martine, Bénédicte, Benoît – au cours desquels j’apprenais aussi énormément du secteur du meuble, constituent autant de souvenirs que je garderai toujours dans mon cœur.
S’il s’avère que le nom de Bernard Deheegher est connu dans de très nombreux pays, par leurs représentants du meuble – tu as su valoriser les qualités des fabricants belges bien au-delà des frontières de l’Europe – la légende raconte également que tu as une certaine notoriété « spontanée » dans des restaurants du monde entier… jusqu’à Shanghai. Cela, je veux bien le croire, et certains pourront très certainement le confirmer !
Aujourd’hui, je pense avant tout à ta chère famille – ton épouse, tes enfants – avec lesquels je conserverai toujours des liens étroits : cela est, en tous cas, mon souhait le plus fort. Cette chère famille à laquelle tu avais expressément demandé, alors que tes proches venaient te voir à Watou juste avant que tu ne sois emporté, de servir à ces derniers, uniquement, du champagne : tu peux te vanter, Bernard, d’avoir fait sourire, d’avoir ému, mais aussi d’avoir incroyablement impressionné tous ceux à qui l’on a relaté cette anecdote, ou qui ont vécu ce moment. Et comment ce moment aurait-il pu se passer autrement, d’ailleurs ? « C’est tellement Bernard » a-t-on pu entendre plusieurs fois dans ce contexte. Oui, mais pas n’importe lequel. C’était tellement « notre » Bernard… qui le restera, assurément, toujours.
[E. B.]
———————
Pour de nombreux distributeurs internationaux, Bernard a été le visage du meuble belge durant plusieurs décennies. De par les nombreuses relations de qualité qu’il avait su construire et grâce à sa personnalité extraordinaire, il est sans doute lui-même devenu la marque de meubles belge la plus connue dans le monde. L’attrait de cette marque a même permis à certains de nos fabricants, encore inconnus sur le marché, de poser leur premier pied à l’étranger.
Sa tâche était plus qu’exigeante : pendant son mandat, l’industrie belge du meuble, autrefois gâtée par le succès, a dû trouver une réponse à la baisse constante des ventes de meubles en chêne de style rustique. Bernard ne nous a pas seulement ouvert une multitude de portes dans le monde pour promouvoir nos produits. Souvent, lors de rencontres individuelles avec « ses membres », il a attiré l’attention sur l’évolution de nos marchés et la progression de la mondialisation, et a ouvert la voie à de nouvelles idées.
Lors de nos nombreux voyages sur les quatre continents, nous avons grâce à lui, non seulement, frappé aux portes des distributeurs mais Bernard a souvent aussi réussi à nous infiltrer dans les usines d’autres fabricants – certains d’entre eux attendent probablement encore aujourd’hui une commande de la Belgique. Il a ainsi donné aux membres actifs de Belgofurn une compréhension complète du monde du meuble – quel cadeau !
En parlant de cadeau : ceux qui, comme moi, ont eu la chance de passer beaucoup de temps avec Bernard, ont pu apprendre beaucoup de sa philosophie unique. Une philosophie qui concilie les valeurs conservatrices et les idées progressistes, qui allie joie et art de vivre au sérieux et à l’engagement, qui met toujours au premier plan le consensus et le bon côté des gens, au détriment de la superficialité et du matérialisme.
Si je parviens à intégrer cette philosophie, Bernard restera vivant pour moi, autant comme ami que comme exemple.
Paul Rom, CEO Rom
——————
Bernard, un grand professionnel et mon ami
Bernard Deheegher n’est plus.
Cette phrase paraît comme une incongruité et me provoque un immense chagrin.
La profession, et au premier chef les industriels belges, perd l’un de ses grands défenseurs.
Bernard, arrivant de l’Office Belge du Commerce Extérieur, a fait son apparition dans l’univers du meuble lors d’un Meuropam, un salon qui se tenait alors à Lyon. En même temps que je rejoignais Le Courrier du Meuble. Une coïncidence de dates dans un univers que nous ne connaissions pas encore, nous a rapidement rapprochés.
En prenant la responsabilité du Belgofurn, il a su faire des collectives des industriels belges qu’il mettait sur pied dans les manifestations professionnelles aux quatre coins du monde, un incontournable point de rencontre.
Et, pour ceux qui l’oubliaient, la belle voix de baryton et le rire communicatif de Bernard, reconnaissable de loin, nous rappelaient à l’ordre.
Il a su faire du stand du Belgofurn un lieu de convivialité, fédérant nombre de professionnels autour d’une bière et d’un sandwich copieusement garni, en prenant un soin tout particulier à la qualité des produits souvent achetés sur place. Car l’homme était un fin gourmet, cuisinier à ses heures pour sa famille et étant, dans le monde entier, connu comme étant le guide gastronomique indispensable pour ceux qui cherchaient à passer une bonne soirée autour d’une table, après une journée passée dans les travées d’un salon.
Lieu de convivialité certes, mais aussi de travail car Bernard, au fil des conversations et de liens qu’il tissait, est devenu l’un des grands connaisseurs de la profession et de ses arcanes.
Au fil des années, les liens professionnels qui nous unissaient – il a été d’une fidélité jamais prise en défaut du Courrier du Meuble – se sont transformés en une belle, vraie et solide amitié.
Nous avons eu le plaisir de nous retrouver en famille pour que chacune découvre et apprécie le village d’origine de l’un et de l’autre. Celui de Watou pour Bernard, et le mien aux confins du Quercy et du Limousin.
Et, ce fut l’occasion de faire connaissance avec la grande passion de Bernard pour le chant grégorien. Une passion telle qu’il a créé le Festival international du chant grégorien à présent devenu un rendez-vous incontournable et faisant autorité, réunissant tous les trois ans des chorales arrivées du monde entier dans son village. C’est si vrai qu’il a été élevé au rang d’Ambassadeur Culturel des Flandres.
Tous et chacun, dans la profession, ont sûrement un souvenir avec celui qui vient de nous quitter. Des souvenirs évoqués avec le sourire tant les moments partagés avec Bernard étaient empreints de convivialité et de chaleur humaine.
Mais, l’heure est aujourd’hui à la peine et chagrin.
J’espère me faire le loyal messager de nombre de personnes de l’ameublement, en m’inclinant devant la douleur de son épouse Martine et de ses enfants Benoît et Bénédicte, et en leur présentant mes condoléances sincères et émues.
Christian Brus, ancien rédacteur en chef du Courrier du Meuble
—————–
Bernard Deheegher a jalonné ma vie professionnelle pendant plusieurs décennies ! Il a été pour moi un modèle dans le merveilleux, mais exigeant, exercice de l’accompagnement des entreprises à l’international.
Nous avons souvent échangé et je mesurais toujours la pertinence de ses connaissances, et appréciais sa générosité et son écoute auprès des chefs d’entreprise.
Son professionnalisme a été inspirant pour moi. Il a exercé son métier en aiguisant une curiosité de l’international insatiable, faisant de lui un grand spécialiste des marchés du meuble à l’étranger.
Sa maîtrise du marché allemand et de ses acteurs faisait toute mon admiration.
Je garde de lui, pour toujours, l’image de l’homme chaleureux à l’intelligence affutée dans les contextes professionnels, sachant instinctivement reconnaître la sincérité des femmes et des hommes qu’il croisait.
Adieu, Bernard.
Isabelle Hernio, directrice International / GEM – Ameublement français
——————–
J’ai connu Bernard au milieu des années 80. Toujours jovial, positif et prêt à rendre service, il était passionné par le meuble, et a ouvert beaucoup de portes pour les fabricants belges. Il était très discret et reconnu par nombre d acheteurs dans le monde entier. C était un vrai ambassadeur, père de famille et qui aimait bien vivre. J’ai énormément de respect pour lui.
Luc Vercruysse, directeur des ventes chez Bauwens
———————–
Nous avons appris avec tristesse le décès de notre ancien collaborateur Bernard Deheegher.
Depuis son entrée en fonction en 1984 comme responsable des exportations de meubles, d’abord au sein de Fébelbois puis, dès 2007, au sein de Fedustria, et jusqu’à sa retraite en janvier 2018, Bernard était le visage par excellence de l’industrie belge du meuble en Belgique et à l’étranger, où il pouvait s’appuyer sur un large réseau de contacts avec des fabricants, des importateurs, des commerçants, des journalistes et des organisateurs de foires. Il est à l’origine du succès de BelgoFurn.
En tant qu’épicurien, il appréciait la bonne vie et la convivialité ; avec son charme, il savait convaincre les contacts les plus hésitants : il était difficile de lui dire non, et il obtenait souvent des choses que d’autres n’avaient pas pu obtenir, ou seulement avec peine.
Son décès inattendu laisse un grand vide auprès des nombreux amis du secteur, en Belgique et à l’étranger. Notre sympathie va en particulier à son épouse Martine et à ses enfants, Benoît et Bénédicte.
Filip De Jaeger, directeur général adjoint de Fedustria
———————–
Après la disparition de Jean-Pierre Tricoire, le décès de Bernard est un vrai coup dur, juste avant Bruxelles. « Un grand homme du meuble », me soufflait mon épouse au moment où je repensais à tous les bons moments en sa compagnie, à Bruxelles bien sûr, mais aussi à Reims et Paris. D’autres vanteront ses talents à promouvoir le meuble belge, mais personnellement, je retiens surtout l’homme brillant, doué, d’un grand charisme et d’une convivialité hors-norme. Sa spiritualité était légendaire. Amateur de bonne chère et de grands portos, il était un convive exceptionnel. Lorsque Bernard était en forme, le dîner devenait une vraie pièce de théâtre en plusieurs actes. Il s’arrêtait me voir à Metz, ville où est né le chant grégorien, l’une de ses grandes passions. D’une foi inébranlable, je sais qu’il a affronté la mort avec une grande sérénité. J’aurai une pensée très émue pour lui dans les allées de Bruxelles.
Adieu Bernard.
Didier Baumgarten, président de la CNEF
—————————-
Avec Bernard, nous avions deux points de « connexion » : le salon de Bruxelles, mais aussi Furniture China à Shanghai, rendez-vous pour lequel nous organisions – lui pour le Benelux, Isabelle [Hernio, ndlr] et moi pour la France – l’exposition de nos membres.
Au fur-et-à-mesure du temps, au-delà des rires et des sourires, je me suis rendu compte de la force professionnelle qu’il avait : il observait beaucoup les magasins, connaissait tous nos clients – même les plus lointains – et sur tous les niveaux de gamme… En somme, il était un vrai professionnel du retail, avec une connaissance hors du commun, et ceci ne transparaissait pas forcément immédiatement lorsqu’on le rencontrait pour la première fois, tout simplement parce qu’avant tout, c’étaient sa bienveillance, sa bonhomie et sa joie de vivre qui interpellaient. Je me souviens, également, qu’il avait une impressionnante mémoire des noms, ce qui lui permettait de remettre, rapidement et sans difficultés, quelqu’un dans son contexte : il n’était déstabilisé que par très peu de choses ! Ajoutons à cela la maîtrise des langues – elle était impressionnante chez lui – qui l’aidait à casser les barrières. Grâce à tous ces nombreux et précieux atouts, Bernard, qui n’oubliait jamais ses objectifs, était un sérieux et grand « concurrent ami ».
« Ami », parce qu’il y a évidemment la dimension affective : c’était un homme fidèle en amitié, qui donnait sa parole, et était toujours plein de délicates attentions : j’ai toujours en mémoire ses petits mots de bienvenue que nous trouvions en arrivant dans nos chambres d’hôtel pour visiter un salon commun ! Enfin, un homme ayant une relation si forte avec sa famille – je pense notamment au près qu’il était – ne peut qu’être bon.
David Soulard, président de Gautier et du GEM – Ameublement français
————————
Homme de passions, et l’un des plus Grands Hommes des métiers de l’ameublement que j’ai eu le bonheur et le plaisir de côtoyer, Bernard aura servi, toute sa carrière, notre filière, avec un sens du collectif inébranlable et une connaissance des marchés et des acteurs internationaux incroyables.
J’adresse une pensée affectueuse à Martine son épouse, et à Benoit et Bénédicte, ses enfants.
Nous garderons tous en mémoire l’éternel sourire et la bonne humeur de Bernard, ses engagements et ses passions. Un homme de cœur.
Gaëtan Ménard, président d’Espritmeuble