Maison&Objet : créatif et international
L’édition de janvier du salon international de la décoration a fermé ses portes sur une note positive, grâce à une fréquentation conforme aux attentes de l’organisateur. En plus de capitaliser sur les fondamentaux comme la créativité des exposants, le décryptage des tendances et le visitorat international, Maison&Objet lance des nouveaux services digitaux, qui vont faire de sa plateforme MOM un site de prises de commandes et de transactions commerciales.
Lire aussi : Maison&Objet In The City : les marques de fabricant aux premières loges
Dans un contexte qui reste difficile, et une conjoncture incertaine liée à l’inflation et au retournement du marché de la maison en 2022, Maison&Objet, qui a fermé ses portes le 23 janvier, a montré un visage conquérant et une volonté de reprendre tout le terrain perdu par rapport à la période pré-Covid. « Notre objectif, qui était de réaliser une édition 20 % en dessous de celle de janvier 2020, juste avant la crise, a été atteint, s’est réjoui Guillaume Prot, le directeur du salon, au moment de la clôture. Avec 67 000 visiteurs professionnels, nous avons dépassé la barre fixée des 65 000 (contre 80 000 environ par le passé) et nous avons réuni plus de 2 300 marques, un chiffre qui se rapproche des 2 700 que nous attirions avant la crise. » Parmi les autres faits marquants de cette édition, le salon retrouve son visitorat très international, avec près de la moitié des acheteurs internationaux (45 %), en provenance de 144 pays, où figurent en tête nos voisins européens – Italie, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne – suivis de pays plus lointains, comme les États-Unis, et ceux du Moyen-Orient. Dans cette optique de reconquête, le salon salue aussi le retour de grandes marques internationales, italiennes comme Gervasoni, Meridiani et Martinelli Luce (Italie) ou encore Pulpo (Allemagne), Baobab (Belgique), Lladró (Espagne), Alessi (Italie) ainsi que l’entrée remarquée de nouveaux participants comme Maison Matisse (France), Mogg (Italie), Andreu World (Espagne) ou Stamuli (Suède). Un certain nombre de fabricants français, néanmoins, pourtant fidèles du salon, n’étaient pas présents dans les allées de Paris Nord-Villepinte, dont l’édition de janvier est traditionnellement plus riche en meubles.
Des exposants fabricants satisfaits
Ceux qui ont répondu présent, cependant, n’ont pas regretté d’avoir pris cette décision. C’est le cas par exemple du fabricant de canapés nordiste Home Spirit : « Nous avons réalisé l’un des meilleurs Maison&Objet depuis que nous exposons, se félicite Eric Delpierre, son directeur commercial. La présence de nombreux acheteurs étrangers conforte notre stratégie à l’export – 20 % de notre chiffre d’affaires aujourd’hui – et notre décision d’ouvrir un stock à Miami (Etats-Unis) où nos produits en lin et notre french touch sont un vrai succès. » Directeur général de Resistub Productions, fabricant de mobilier contemporain en métal, Clément Bernagou salue une bonne édition, même le jeudi de la grève, avec une bonne présence des boutiques de centre-ville, venues avec des intentions d’achat, mais des prescripteurs peu présents, en raison peut-être d’un secteur hôtellerie-restauration qui peine à retrouver son dynamisme. Très content de son emplacement en bordure du fil rouge, Drugeot Manufacture, fabricant de mobilier en chêne massif, estime que le salon a clairement repris du poil de la bête, avec une fréquentation comparable à celle d’avant Covid-19.
Maison&Objet est aussi une rampe de lancement pour les nouvelles collections, comme le montrent plusieurs marques comme le spécialiste outdoor Sifas, qui annonce un nouveau partenariat avec le studio de design Otto, fondé par la designer italienne Paola Navone. De cette collaboration sont nées les collections Yakimour, un élégant salon d’extérieur en aluminium laqué habillé d’un tressage en polyester, qui doit son nom à la mythique villa de l’Aga Khan et la Begum située sur les hauteurs de Cannes, où Sifas a ses racines, et la gamme de sièges grand soleil Palm Springs, dont les lignes graphiques en aluminium sont recouvertes d’une structure suspendue en polyester grand confort. Dans un registre plus classique, le fabricant a fait appel à Christophe Pillet pour concevoir la ligne complète Oxford, déclinée en sièges aux lignes épurées, et en tables basse et de repas en structure aluminium très légère. Toujours dans le registre outdoor, le fabricant italien Nardi a mis en avant le nouveau fauteuil Net Lounge – design Raffaello Galiotto – au look rafraîchissant comme une vague, avec sa structure mono-matériau en polypropylène renforcé en fibre de verre, entièrement recyclable, son assise profonde et sa forme enveloppante qui sont une invitation au farniente. Dans le registre de l’innovation, le fabricant espagnol de mobilier contract Andreu World a lancé le fauteuil Adela Rex, distribué en France par la société PHS Mobilier, qui est issu de la première collaboration de la marque avec Philippe Starck. Ce fauteuil à la conception innovante se compose de trois pièces en contreplaqué de chêne ou noyer, qui s’emboitent comme un puzzle, sans raccords, ni vis, ni matériaux supplémentaires, une véritable prouesse technologique mettant en avant la maîtrise et le travail du bois, matériau cher à Philippe Starck, et permet aux deux partenaires de partager leur vision du design contemporain autour d’un savoir-faire artisanal, qui mixe technologie et économie circulaire.
Un rendez-vous pour les éditeurs créatifs
Maison&Objet est aussi un lieu d’expression pour les jeunes maisons d’édition, notamment françaises, qui étaient particulièrement présentes à cette édition de janvier. C’est le cas de Hartô qui, avec son nouveau directeur artistique Adrian Blanc, a présenté sa nouvelle collection « à mi-chemin entre Méditerranée et Scandinavie, dans un univers où le travail des formes géométriques s’accorde avec celui des belles matières ». Comme exemple de ce mobilier « émotionnel », on peut citer les tables basses Camille (Guillaume Delvigne), très réussies dans le travail d’ébénisterie, les lignes recherchées et les assemblages. Dans un registre proche, on peut noter la présence des ateliers Delavelle, qui ont pour positionnement de faire vivre les savoir-faire traditionnels de l’ébénisterie, tout en privilégiant les circuits courts, et en y associant la créativité du designer, à l’image de la belle chaise Couscous, dessinée par Bina Baitel, qui a été développée dans le cadre de l’incubateur du French Design by Via 2022. Une édition de mobilier bien vivace, comme le montre par exemple une nouvelle maison d’édition, Sollen, fondée en 2021 à Bordeaux, exposante pour la première fois, avec un produit très original à forte personnalité, la ligne de sièges Nuage. Née à la croisée du design, des métiers du bois et de l’ingénierie, Sollen se propose de réinterpréter le design haut de gamme, en éditant des assises innovantes, confortables et éco-responsables, qui revendique notamment le made in France, et le sourcing auprès de fournisseurs locaux.
[F. S.]
——————-
[Zooms]
Fermob : et la lumière fut !
Après avoir réinventé le mobilier outdoor en métal, Fermob a été l’un des pionniers du luminaire d’extérieur, en lançant en 2015 Balad, la première collaboration avec le designer Tristan Lohner, un luminaire à la fois beau, et nomade, autrement dit qu’on peut amener avec soi à l’extérieur comme à l’intérieur. En 2023, la gamme de luminaires a bien grandi, puisqu’elle compte 7 collections et 25 produits, qui constituent le cœur du stand que la marque a proposé pour cette édition de janvier. Et il y a eu du nouveau ! La marque décline désormais le luminaire Mooon, du même créateur, en suspension simple de 25 cm de diamètre, et triple de 15 cm, en lampadaire et même en applique, ce qui ouvre à ce produit déjà iconique de nombreuses application indoor, à la maison ou dans le contract. De plus, les luminaires Fermob peuvent être pilotés à distance, soit par l’interrupteur intelligent Ludo, pour faire varier l’intensité lumineuse, et même programmés grâce à l’application Fermob Lighting. Quant à la lampe à poser Oto (design interne), il propose en plus de son look singulier, deux lentilles lumineuses orientables, pour un usage en résidentiel comme au bureau.
La Haute Facture en peine lumière
Les adhérents du groupement Haute facture de l’Ameublement français ont bénéficié d’une belle exposition sur le salon, grâce à une scénographie signée du designer Pierre Gonalons, qui a imaginé, pour une série de pièces d’exception, une mise en scène contemporaine qui change le regard sur les savoir-faire patrimoniaux. Ces créations de haute volée étaient signées Vernaz et filles, Craman Lagarde, Taillardat, Manufacture des Emaux de Longwy 1798, Volevatch, Atelier Alain Ellouz, Maison Lucien Gau, Duvivier Canapes, Zuber, Objet de curiosite, Moissonnier, Pouenat, Tisserant, Philippe Hurel et Charles Paris. « Il s’agit d’un partenariat gagnant – gagnant entre Maison&Objet et nos entreprises, se félicite Martin Pietri, le président du groupement Haute Facture. Nous gagnons de notre côté une belle visibilité internationale, et nos créations sont un élément différenciant, notamment pour les architectes et prescripteurs qui travaillent sur des projets haut-de-gamme, susceptibles de faire venir ce profil de professionnels sur le salon. »
Maison&Objet lance trois nouveaux outils digitaux
Déjà pionnier en matière de plateforme avec le lancement de MOM dès 2016, le salon accélère son offre digitale, avec trois nouveaux services. Dès janvier 2023, Maison&Objet lance son service de création de boutique en ligne, de professionnels à professionnels (autrement nommé « Eshop BtoB », powered by MOM). Le salon propose ainsi, en marque blanche, la conception de sites consacrés aux transactions B2B, accessibles sur le site internet des marques, pour ses clients et prospects. Une équipe dédiée accompagnera les créateurs pour les aider à optimiser leurs ventes. Au premier trimestre 2023, le salon ajoutera sur MOM la fonctionnalité marketplace, pour les marques et acheteurs européens (hors UK). Les marques abonnées, qui bénéficient déjà de mise en contact par la plateforme, pourront proposer la prise de commandes directes auprès des pros, ou bien la génération de devis à la demande. Les acheteurs (visiteurs au salon, mais pas que) pourront passer commande toute l’année sur la plateforme. Enfin, à partir de l’édition de septembre, les marques et les visiteurs du salon pourront bénéficier d’un outil permettant de digitaliser la prise de commande sur le salon, ce qui permettra de centraliser les leads en provenance du salon, alors que les visiteurs auront la possibilité de valider les pré-commandes à tout moment, pendant et après le salon. Sans se désengager de son édition physique bi-annuelle, le salon ambitionne de réaliser 25 % de son chiffre d’affaires grâce à ses services digitaux d’ici 4 ans.