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27.8.2021

Comment être sûr de la conformité d’un produit aux normes en vigueur?

Le cadre concurrentiel oblige les fabricants à rechercher la performance dans tous les domaines. Dans un récent webinaire, le FCBA attire l’attention sur l’intérêt de prendre en compte les normes dès la phase de conception du produit, pour éviter toute déconvenue lors des tests précédant leur mise en marché. Retour d’expérience statistique, simulation numérique, expertise issue des commissions de normalisation… Le Centre Technique met à la disposition des entreprises outils et accompagnement pour faire de cette contrainte un atout.

Si on en croit de nombreuses études, la pandémie a généré chez les consommateurs une appétence pour de nouvelles typologies de meubles – polyvalents, modulaires, gain de place, pliants, outdoor… – plus adaptés à leurs besoins. En réponse à ces attentes, on peut penser que les fabricants vont s’emparer de ces nouveaux créneaux de marché, et multiplier le lancement de modèles innovants. Un contexte qui légitime d’autant plus le thème du webinaire proposé par le FCBA le 29 juin dernier : « Présomption de conformité : s’assurer de la conformité d’un produit dès sa phase de conception ». En introduction, Valérie Gourvès, directrice du pôle aménagement des espaces de vie au sein du Centre Technique, soulève une problématique qui intéresse tous les fabricants : « Les entreprises font souvent appel à nous pour tester la conformité de leurs nouveaux produits aux normes juste avant leur mise sur le marché, c’est-à-dire une fois que leur processus de développement est terminé, explique-t-elle. Mais il arrive que le produit ne « passe pas » ! Il faut alors le modifier, et reprendre certaines étapes, refaire un prototype et le tester à nouveau, ce qui coûte du temps, de l’argent, sans oublier le bilan carbone dû aux matériaux supplémentaires et au transport… Voilà pourquoi nous préconisons de prendre en compte la conformité d’un produit aux normes dès la phase de conception, et proposons un accompagnement des entreprises dans cette démarche. »

Connaître et comprendre le cadre normatifMissionné pour réaliser ces tests en laboratoire, le FCBA constate un taux de non-conformité lié à des exigences sécuritaires en moyenne de l’ordre de 10 %. « Ce taux peut même atteindre 20 % pour certaines typologies de produits, et idem quand on parle de performances à l’usage ou de confort, où il existe aussi des normes à respecter, argumente François Wilquin, chargé d’essais au sein du laboratoire mécanique du pôle aménagement des espaces de vie au FCBA. Pourquoi ces non-conformités ? Parce que le contexte réglementaire est dense, évolutif, souvent connu de façon partielle. » Pour illustrer ses propos, l’intervenant s’appuie sur l’exemple d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de mousses pour la garniture de sièges domestiques, qui a développé des produits destinés aux ERP (Établissements Recevant du Public). Avec un oubli de taille : la non prise en compte des normes «non feu » en vigueur dans ces établissements. Après avoir engagé un coût de développement de 70 000 euros, il a fallu revenir en arrière, faire des modifications, ce qui aurait pu tout à fait être évité si on avait pris en compte les normes dès la conception. Un autre exemple ? Celui d’une armoire de toilette suspendue au mur, dont les platines de fixation ne possédaient ni système anti-basculement, ni accroche murale d’équerre pour empêcher le retournement, et qui pouvait donc tomber en poussant dessus latéralement, un important point de non-conformité à la norme. « Pour prévenir ces incidents de parcours, FCBA propose tout simplement une collaboration depuis le brief projet jusqu’à la mise sur le marché, pour ne plus se contenter de sanctionner par le test, mais accompagner et conseiller », ajoute François Wilquin. Cela se traduit pour l’entreprise par une information précise sur les normes concernées, et leur intégration dans le cahier des charges, au même niveau que les autres items, comme l’esthétique, la fonction et l’usage, les marchés visés… Au-delà, le but est de faire monter les entreprises en compétence sur le plan normatif, pour les rendre aptes à faire les bons choix.

Des outils et une méthodologieL’accompagnement proposé par le FCBA s’appuie sur trois grands piliers, à commencer par les statistiques d’essais. L’organisme réalise plus de 10 000 tests par an, qui alimentent une base de données, permettant de savoir quels sont les points de vigilance, et les non-conformités récurrentes en fonction des produits, des matériaux, des procédés d’assemblage, etc. « Prenons comme exemple la norme NF EN 747, associée aux lits en hauteur, poursuit François Wilquin. Sur 2016-2018, on constate un taux de non-conformité de 12 % environ, qui relève pour 20 % de problèmes de casse mécanique – le produit ne résiste pas aux charges statiques de la norme, ou à la durabilité exigée – qui se produisent à 95 % au niveau des assemblages, les 80 % de non-conformités restant étant liés à des problèmes de dimensionnement comme l’espace à respecter entre les lattes ou les barreaux d’échelles, ou encore d’information utilisateur. Si j’accompagne un client sur ce produit, je vais attirer son attention sur ces problèmes par compliqués à résoudre, mais récurrents. » Second pilier, la simulation numérique qui permet de tester un prototype virtuel, à partir du comportement connu des matériaux comme le bois massif, les panneaux de particules, l’acier, etc. L’intervenant évoque le cas d’un industriel du siège, qui avait une interrogation sur la capacité d’un piètement tubulaire en alu, d’une section assez fine, à supporter les charges « raisonnablement prévisibles » mentionnées par la norme. La simulation numérique a permis, au vu des informations fournies par le fabricant, de donner un avis favorable à l’assemblage en question, et la poursuite du développement de son produit*. Enfin, le FCBA ajoute un troisième pilier, celui de l’expertise technique recueillies par ses membres qui siègent dans commissions de normalisation, et peuvent apporter un regard critique et avisé dès la phase de conception du produit. Un élément supplémentaire, au sein d’une approche globale qui multiplie les chances de parvenir à une présomption de conformité du produit au moment de son lancement sur le marché.

*Des outils de simulation numérique, réalisés par FCBA avec le soutien du  Codifab, sont en phase de validation. Conçus à partir d’une campagne de tests mettant en œuvre différents inserts avec du bois brut, ils permettront d’évaluer la résistance des assemblages, pour arriver à un modèle « passe / passe pas » en fonction des charges appliquées pour différents cas types de lits.

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[Zoom]Farid Bouhouche (Temahome) : « La simulation numérique est un procédé qui fonctionne »Directeur qualité du groupe Temahome, qui fabrique des meubles en kit sur ses deux sites industriels de Thônes (Haute-Savoie) et Tomar (Portugal), notamment exportés en Europe, aux USA, en Chine et au Moyen-Orient, Farid Bouhouche a participé à une opération pilote avec FCBA sur les tests de conformité aux normes par simulation numérique. « Notre volonté était d’éviter tous les « re » possibles – reconception, retouche, rebut, etc. – pour optimiser nos coûts et la qualité de nos produits, et mieux respecter l’environnement, explique-t-il. Nous avons demandé à FCBA de concevoir une formation sur mesure sur les normes, pour tout ce qui est mobilier de rangement, table, chaises et lits, que nous avons suivie sur leur site de Champs-sur-Marne. Nous avons par ailleurs accepté de soumettre nos produits à des tests par simulation numérique, un procédé fonctionne très bien, notamment pour garantir la stabilité de nos meubles, ce qui nous rassure en interne et rassure nos clients, notamment à l’international. » Une approche qui a changé le regard de Temahome sur les essais : longtemps vus comme une fonction contrainte, ils sont devenus une fonction principale dans le processus de développement produits.

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