Business, inspiration : Maison&Objet joue sur les deux tableaux

Être à la fois un rendez-vous d’affaires et d’inspiration, tel est l’ADN à double face qui a fait le succès de Maison&Objet depuis sa création, et sur lequel le salon entend capitaliser aujourd’hui. En choisissant un thème disruptif, et même possiblement clivant – Sur/Reality, inspiré par le centenaire du Manifeste du surréalisme – l’édition qui a eu lieu en janvier 2025 a montré que la capacité à créer l’événement, à bousculer les codes, à faire entrer la création dans la maison, n’a pas pris une ride. Le succès des animations phares du salon en a apporté la démonstration : il fallait souvent faire la queue de longues minutes avant de pouvoir s’immerger dans l’atmosphère magique de l’Hôtel Uchronia imaginé par le designer Julien Sebban – créateur du Studio Uchronia, auteur de l’animation « What’s new in hospitality ? » – ayant véritablement transporté les visiteurs dans un monde étrange, où l’illusion du trompe-l’œil côtoyait les associations baroques de motifs et de couleurs, sans pour autant perdre le sens de l’hospitality, de la fonctionnalité, du confort. Dans une veine tout aussi inspirée, la tendanceuse Elizabeth Leriche, dans « What’s new in decor ? », a puisé aux racines du surréalisme pour plonger les visiteurs dans des décors envoûtants réalisés avec les plus belles pépites du salon : une forêt enchantée, un lit dans les nuages, des motifs hypnotiques, une pièce au plafond renversé ont donné le « la » d’une thématique pour le moins décoiffante.

Un versant « inspirationnel » du salon revêtant aujourd’hui une importance toute particulière, pour donner de l’énergie à des professionnels de la décoration qui subissent un marché en ralentissement - depuis maintenant bientôt deux ans - et qui entre sans doute, pour beaucoup, dans les chiffres plutôt bons recueillis en janvier. Autrement dit, ce contenu événementiel, tout ce qui se passe et tout ce qui se dit sur le salon, est une incitation forte à la fois pour les exposants à être présents et, pour les visiteurs lointains, à entreprendre leur déplacement. C’est ce qui permet au salon d’enregistrer un bon succès de fréquentation, avec un peu plus de 69 000 visiteurs uniques, dont 55 % de distributeurs et retailers, 36 % de prescripteurs (architectes et CHR) et 9 % de fabricants. Pour l’organisateur, « la dynamique internationale s’intensifie avec une progression du nombre de visiteurs étrangers, conséquence directe des investissements réalisés pour attirer de nouveaux publics. Leur affluence en hausse témoigne de la mobilisation d’une communauté internationale qui fait le choix de Maison&Objet pour dynamiser son activité et stimuler l’envie de consommer. Du côté des visiteurs français, une certaine retenue se fait sentir, en écho au climat économique actuel. » La nature ayant horreur du vide, cette édition a probablement aussi bénéficié de l’annulation du salon du meuble de Cologne (imm), se tenant habituellement en janvier, ce qui a incité bon nombre d’acheteurs internationaux à faire le déplacement à Villepinte. Du côté des exposants, 2 377 marques ont répondu présent – dont 60 % issues de l’international – et près de 30 % exposaient pour la première fois. « Cette édition a répondu aux trois objectifs-clés que nous nous sommes fixés, réagit Mélanie Leroy, directrice générale de SAFI (Maison&Objet, Paris Design Week et MOM). Il s’agit de recruter des visiteurs du monde entier, d’innover dans nos animations - ce qui s’est vérifié avec nos mises en scènes de produits à l’identité forte de l’entrée-de-gamme jusqu’au luxe - et de surprendre les professionnels, en donnant un lieu d’expression pour les savoir-faire et les métiers créatifs. »  

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Les fabricants en premiere ligne

Les fabricants français de meubles fidèles au salon ont répondu présent - malgré une conjoncture morose tardant à repartir de l’avant - réunis dans le pôle « Maison » du salon, qui comprend notamment l’immense hall 6. Certains ont même fait le choix de revenir, à l’image de Gautier, venu présenter une offre complètement renouvelée, à la fois créative et contemporaine.

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En effet, la collection de rangements Atoll – vaisselier mi-haut, buffet trois et quatre portes – se caractérise par ses lignes arrondies qui rappellent les années 1950, avec un traitement très contemporain grâce aux finitions noyer pour les façades et aux dessus marbre. En complément, les tables de repas et tables basses de la collection Setis, aux formes généreuses, avec leurs plateaux et piétements aux formes organiques, expriment une forte présence par leur design épuré. « Cette présence sur Maison&Objet est, pour nous, l’occasion de faire évoluer notre image, en exposant un mobilier plus tendance avec des collections plus courtes, afin de pouvoir composer son intérieur et mieux répondre aux attentes de l’habitat urbain, explique Jean-Pierre Cordier, directeur du réseau de franchise de Meubles Gautier. Cette édition est, en ce qui nous concerne, très positive, grâce notamment aux nombreux visiteurs qui sont venus de l’international, dont beaucoup de nouveaux contacts. »

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Autre industriel français de premier plan, Fermob a axé sa présentation sur son offre en luminaire, toujours plus étoffée d’année en année… En ce début d’année, la grande nouveauté a pour nom Yunos, une création du design interne de l’entreprise avec une symbolique très riche. Ce lampadaire d’extérieur, juché sur ses trois pieds à 180 cm de hauteur, est une référence aux vasques de la Grèce antique, et notamment à celle où brûlait la flamme olympique. Un rapprochement qui n’est pas usurpé, quand on pense qu’il s’agit du premier luminaire fonctionnant à l’énergie solaire de Fermob, grâce à un ensemble d’innovations : les plus de 1 200 cm² de panneaux solaires dont il est équipé lui donnent une autonomie allant jusqu’à dix heures d’utilisation, et le mode « automatique » fait qu’il s’allume automatiquement à la tombée de la nuit – grâce à ses capteurs – et qu’il s’éteint à partir d’une certaine luminosité. Son fonctionnement est assuré, en cas de journée moins ensoleillée, par une recharge solaire autonome, ou un port USB-C, ce qui en fait l’allié des terrasses dans la restauration, et un accessoire pour donner un supplément d’âme au jardin. Les autres modèles de luminaires les plus récents ont été mis à l’honneur, à l’image de Swiing, la lampe « dansante », de la suspension Mooon, et de la nomade Aplô, trois créations signées Tristan Lohner. Comme second axe de sa présentation, Fermob a choisi de mettre en avant ses trois couleurs tendance pour 2025 - venant compléter le nuancier permanent - à la fois inspirées du temps et toujours très créatives. Il s’agit du « Bleu Maya », une note rafraîchissante qui évoque les cénotes (gouffres profonds) cristallins du Yucatan, de l’« Orange Confite », un concentré de saveurs inspiré par les agrumes gorgés de soleil, et du « Tonka », une nuance exotique qui suggère toute la puissance aromatique des plantations tropicales.

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Du côté du fabricant nordiste de canapés Home Spirit, on souligne une fréquentation de bonne qualité surtout les deux premiers jours de la manifestation, le jeudi et le vendredi : « La fréquentation internationale a été intéressante, confirme Eric Delpierre, directeur commercial de l’entreprise. C’est une bonne chose pour nous, qui voulons développer l’export, en le faisant passer de 15 à 30 %, en privilégiant les États-Unis et les Pays du Golfe où nous sommes déjà bien implantés. » Pour cet acteur, la grosse actualité de 2025 sera l’inauguration, au printemps, de sa nouvelle usine, avec un renouvellement de son parc machine qui lui permettra de produire de façon plus flexible et plus réactive.

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Regain d’interet pour le mobilier d’exterieur

Exposant phare du hall 6, le fabricant de mobilier en bois massif Ethnicraft a lancé sur le salon de nombreuses nouveautés inspirées, à commencer par la collection de rangements Sono, dont les façades en relief travaillées à la gouge, associées à des poignées en laiton brossé, rappellent des modèles anciens, et donnent tout le potentiel décoratif du teck teinté clair. Le fabricant a également exposé des nouvelles propositions pour la table de repas, à savoir le modèle Tacet, avec plateau en teck vernis et pieds en métal laqué noir, ou encore la table extensible Bok, disponible en chêne teinté noir ou brun. Mais le lancement le plus important est sûrement celui de la nouvelle collection d’extérieur de la marque, incluant la table à manger Canyon, composée d’une base sculpturale et d’un plateau en béton gris clair, la table à manger Trestle en teck recyclé, ou encore la collection de sièges Corbey, dont l’assise et le dossier tissés rappellent les chaises longues de plage.

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Sur un stand spectaculaire, signé du Milanais DWA Design Studio - qui jouait sur les transparences et l’utilisation habile de la couleur pour créer une ambiance onirique - l’Italien Pedrali a exposé sur Maison&Objet pour la quatorzième fois. Sur les trois tableaux composant la surface, deux étaient consacrés au mobilier d’extérieur, signe qu’il est un véritable pôle du salon. Exposés en vedette, la table Rizz (design Robin Rizzini) et ses quatre pieds coniques en aluminium moulé sous pression, qui garantissent une légèreté esthétique et une stabilité maximale, même avec des plateaux de grande taille, et les fauteuils Nari (design Andrea Pedrali) - composés d'un double tube d'acier, avec des accoudoirs et un dossier entourés d'un tissu résistant aux intempéries en PVC extrudé avec une âme en nylon - sont de très bons exemples de l’excellence de la culture du design de l’entreprise. Le Nolita Sofa (design CMP Design), avec ses formes simples et iconiques et sa conception modulaire, illustre l’art de vivre véhiculé par le fabricant. Notre tour d’horizon s’achève avec une autre marque de mobilier d’extérieur, émergente cette fois, Allure d’Azur, créée il y a deux ans par le groupe français Torbel Industries, et exposante pour la deuxième fois sur le salon. Spécialisé dans la fabrication de ferrures en métal pour le bâtiment, ce groupe, dont le siège social est à Nice, a décidé d’utiliser son outil de production situé en France pour lancer une marque de mobilier d’extérieur déco. Après avoir dévoilé la gamme « Chaise bleue », inspirée du mobilier traditionnel d’extérieur niçois, en structure aluminium habillée de lattes faites du même matériau, ou en bois, la marque a développé une collection déclinée en 39 références de chaises, tables basses, fauteuils rembourrés et autres accessoires, qui se caractérisent par un design contemporain associé à une riche palette « déco », parfaitement en ligne avec l’esprit Maison&Objet.

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[Zooms]

Fést : Manifeste pour un mobilier design accessible

Marque du Néerlandais Zuiver Inerior Group, Fést a exposé sur le salon ses créations iconiques, réinventées dans de nouveaux tissus qui apportent de nouvelles perspectives à leurs designs intemporels. Cette marque a été créée en 2013 par la styliste Femke Furnée, qui ne trouvait pas ce qu’elle cherchait sur le marché : « J'étais à la recherche d'un beau design à un bon prix, mais j'ai constaté que ce n'était pas facile à trouver, raconte-t-elle. D'un côté, il y a l'offre de masse des boulevards de l'ameublement et de l'autre, les marques de design haut-de-gamme qui sont inabordables pour moi. J'ai décidé de m'engouffrer dans cette brèche ». Aujourd’hui, Fést dispose d'une boutique en ligne et de deux magasins à Amsterdam et Rotterdam, et elle est disponible chez des détaillants dans plus de vingt pays, et pour meubler les entreprises, y compris les restaurants, les hôtels et les bureaux. Chaque pièce de la collection incarne l'engagement de la marque en faveur d'un design réfléchi et de l'artisanat européen. Parmi les pièces créées les plus remarquables, on peut citer la chaise longue Alp, qui tire son nom de sa forme naturelle, semblable à celle d'une montagne, une pièce unique du designer Martin Hirth, connu pour ses formes basiques et pures. Autre exemple, le canapé lounge Bolster – également dessiné par Martin Hirth - allie style et confort, grâce à son dossier qui lui donne un aspect raffiné tout en créant une sensation d'intimité et de confort. Enfin, la table de salle à manger emblématique Plateau, conçue par les sœurs Silvia et Antonia Terhedebrügge, basées à Berlin, est une déclinaison marquante de cette collection qui se distingue par son design intemporel.

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Les nouveautes inspirees de Flam & Luce

L’éditeur de luminaires design n’a pas fait l’impasse sur cette édition de janvier, et a profité de son énergie pour exposer ses dernières créations, parmi lesquelles les très spectaculaires modèles de lampes à poser Carmen et Othello. Inspirés tout droit de la scène et de l’opéra, ces luminaires imaginés par le designer S. Konrad se caractérisent par une gamme de sept tissus décoratifs exclusifs, tendus sur une fine structure de métal, dont les motifs sont mis en valeur par la lumière, créant un effet saisissant. Fidèle à sa créativité permanente, l’éditeur a lancé, sur le salon, une nouvelle gamme de luminaires qui mettent en œuvre des tissus dont l’inspiration se trouve entre les motifs et le graphisme ethniques.

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